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Sur le tracé de l’autoroute

Parcourir l’autoroute Est-Ouest sur plus de 1.216 km, c’est s’arrêter sur la réalité d’un chantier qui fait couler beaucoup d’encre. D’Alger à Tlemcen sur plus de 500 km suivi par un Alger-El Taref qui brosse certaines régions autrefois inaccessibles, un groupe de journalistes s’est enquis de son état d’avancement. Loin des estimations chiffrées, souvent contradictoires, et des appréciations, généralement, trop techniques, et plus proche des difficultés du chantier, El Moudjahid donne la parole au terrain : A vous d’en juger !

Impressionnant, parfois bouleversant, fut notre périple au cœur du plus grand chantier de l’Algérie indépendante. L’Algérie aura bientôt une ceinture autoroutière qui reliera El Taref (sur les frontières est) avec Maghnia (frontières algéro-marocaine). Principales wilayas traversées : El Tarf, Annaba, Guelma, Skikda, Constantine, Mila, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Bouira, Boumerdès, Alger, Blida, Aïn Defla, Chlef, Relizane, Oran, Mostaganem, Mascara, Sidi Bel-Abbès et Tlemcen.
Notre arrivée aux frontières qu’elles soient algéro-marocaines ou algéro-tunisiennes fut un moment haut en émotion pour le groupe de journalistes ayant pris part à cette randonnée. Il est clair que nous sommes bien en avance dans la fameuse transmaghrébine. L'autoroute Est-Ouest s'intègre dans le grand projet régional de l'autoroute maghrébine, avec un linéaire de 7.000 km et dont la réalisation a été retenue par les pays de l'U. M. A.  
L’Algérie a bel et bien ouvert les bras à ses voisins et attend l’arrivée des jonctions avec l’autoroute tunisienne et marocaine. Du côté des frontières marocaines, l’autoroute algérienne donne sur une terre agricole préparée pour la semence. Sur les frontières algéro-tunisienne, l’autoroute s’arrête brutalement sur une forêt verdoyante « République Algérienne Démocratique : Ici s’arrête l’autoroute Est-Ouest » lit-on sur les deux pancartes plantées aux bouts de l’autoroute.  L’arrivée des travaux aux frontières ne suspend cependant pas la grande difficulté qui subsiste encore sur certains chantiers de l’intérieur.
Autant fut notre joie grande de constater l’évolution du chantier du côté Ouest autant fut notre contrariété de voire les difficultés que vivent au quotidien les milliers de travailleurs algériens et étrangers qui réalisent ce tronçons. Particularités topographiques exigent ajoutées à des conditions climatiques souvent défavorables font le casse-tête des artisans de l’autoroute « ce projet dépend de mère nature », commente un cadre du ministère des Travaux publics.  

Alger-Tlemcen en moins de 4 heures !
Le programme de la visite, tel que fixé par le ministère des Travaux publics, fut scindé en deux parties. Le périple commence par une virée à l’Ouest.
Rendez-vous est donc donné au siège du ministère des Travaux publics. Il est 9 h 30. L’œil tantôt sur la jauge de carburant, tantôt sur les plaques de signalisation qui émaillent les abords de l’autoroute, Amine notre guide, connait parfaitement l’itinéraire.
Les aller-retour périodiques sur les différentes sections du projet font de lui un chauffeur averti. Nous quittons la RN n°1 pour rejoindre, au niveau de Birtouta, le tracé de la ceinture autoroutière. Les quatre voies deviennent subitement fluides une fois le barrage de la gendarmerie à Beni Merad passé. Le casse-tête de la circulation routière est bien loin en dépit des travaux de mise à niveau qui rétrécissent, de temps à autres, les voies de circulation. Quelques constructions, visiblement nouvelles, s’érigent aux alentours.
L’un des principaux objectifs du projet semble atteint et l’impact économique de l’autoroute commence à donner des fruits : fixer la population locale et développer les atouts des régions intérieures. Confié au groupement chinois Citic Crcc, le lot Ouest prend naissance à Chlef et depuis Alger, l’autoroute est ouverte à la circulation jusqu'aux frontières de Relizane au niveau de Yellel. Il est midi. La route menant vers Mascara est barricadée par des blocs de pierres pour éviter que des automobilistes s’y aventurent « c’est trop risqué. Les engins n’ont pas encore quitté les lieux » nous dit M. Mohamed Brahimi, directeur du chantier à la wilaya de Relizane.  
Ceux qui arrivent de Chlef peuvent emprunter un échangeur pour accéder à Oran en passant par Sig et Mostaganem. Selon M. Brahimi, 87,50 Km de l’autoroute se trouvent dans le territoire de la wilaya.
Ainsi, 34 km entre Chlef et la daïra de Hamdana ont été livrés le 6 juin dernier. Pas moins de 22 autres kilomètres entre Hamdana (RN90A) et l’échangeur de Relizane ont été livrés le 15 octobre 2009. Le reste du tronçon (22Km) reliant Belaassel à l’échangeur de Yellel l’a été le 22 novembre dernier « il nous reste 8 km entre Yellel et les frontières de la wilaya de Mascara pour livrer la totalité du chantier de ma section » nous dit M. Brahimi.    

L’autoroute…Wallah Ghaya !
Nous sommes donc les seuls à avoir « le privilège » de circuler sur l’autoroute jusqu’aux frontières ouest bien que d’autres automobilistes prennent de temps à autres le risque d’y accéder histoire de gagner du temps ! L’autoroute se fait des admirateurs avant même son inauguration officielle «wallah ghaya had l’autoroute» nous dit-on !
Sur un tracé bien bitumé, équipé de new jerzey bitume, de signalisation horizontale et verticale nous évoluons en évitant les engins de l’entreprise chinoise et les milliers d’ouvriers algériens et étrangers qui travaillent à mettre les dernières retouches. Le chantier grouille de monde. Algériens et chinois se partagent la mission de faire de cette autoroute un couloir sécurisé, vert et conforme aux normes internationales.
Au total, 15.000 personnes dont 9000 expatriés, sont recrutés « ils travaillent en brigades 24h sur 24h » nous lance M. Khelladi, chef du chantier au niveau de la wilaya de Mascara. Ce responsable atteste que la totalité du projet est livrable dans un mois si ce n’est le chantier d’un pont à la daïra El Ghomri. Long de 230 mètres, cet ouvrage d’art a été confié en mois d’août dernier au groupement chinois.
Les choses ont beaucoup évolué depuis mais les travaux sont à l’arrêt depuis une vingtaine de jours suite à une grève des travailleurs chinois « c’est dû à des problèmes purement administratifs » atteste M. Khelladi sans pour autant verser dans les détails.   
Le chinois Citic/Crcc, qui a présenté un dossier financier défiant toute concurrence, s’est assuré les lots centre (169 km) et ouest (359 km). Tout au long de ces sections, leur manière de faire se démarque de celle des sociétés ayant chapeauté l’ancien programme. Même la couleur du bitume est différente ! s’exclame-t-on. Les talus qui cernent le bitume sont stabilisés par différentes techniques. Les chinois ont opté pour la technique du ciment projeté mais ils ont souvent laissé faire la nature. Les millions de végétations plantés font bien l’affaire. Ils maintiennent la stabilité des collines tout en embellissant le tracé.
Le couloir vert sur le tronçon ouest s’étale sur plus de 2 000 hectares de terrain « nous avons planté pas moins de 5 millions d’arbres tout au long du tracé » nous lance M. Mazoudj Aissa, directeur du projet du lot ouest. 16 h tapante. Il commence à se faire tard. Amine accélère de plus en plus. Il faut arriver aux frontières avant la tombée de la nuit pour pouvoir voir le bout du tunnel. De Bel-abbès à Tlemcen, l’itinéraire fut long et fatiguant « on y arrivera » nous lance Amine. Sur près de 200 km, nous avançons avec l’impatience de voire enfin les limites ouest de l’autoroute. Il était 18 h passée quand nous arrivons aux frontières algéro-marocaines « on y est ! ».
La route est brutalement coupée par une parcelle de terrain agricole. Ici se termine la partie algérienne de la trans-maghéribine. La prise de photos souvenirs est de mise ! Le chef de la section de Tlemcen, M. Metahri Boumediene atteste que 16 ouvrages d’art et 4 échangeurs ont été érigés dans le territoire de la wilaya. Les travaux routiers sont également en voie d’achèvement. Les terrassements sont achevés et une première couche de bitume est dores et déjà étalée « il nous reste une dernière couche de roulement pour dire qu’on a totalement achevé le chantier » nous lance t-il.
La fin des travaux est annoncée pour le début du mois d’avril «l’étalement de cette couche est impossible avec ce froid qui sévit dans la région » conclura-t-il. Un peu plus de 200 km seront donc livrables dans un mois. Avec les 160 km mis en circulation, soit la totalité du lot ouest. Le trajet Alger-Tlemcen sera dès lors faisable en moins de 5 heures !
Voire moins pour ceux qui savent appuyer sur la pédale.   

Alger-Sétif : comme sur des roulettes
Deuxième jour de l’aventure. Après s’être reposé à Alger, nous démarrons vers l’Ouest de bonne heure. La traversée s’annonce plus ardue cette fois-ci. A bord d’un véhicule tout terrain, indispensable pour la visite des chantiers, nous traversons le lot centre jusqu'à Bordj Bou-Arréridj en passant par Bouira.
L’autoroute est ouverte sur 15 km jusqu'à Larbaatach. La deuxième section entre Larbaatach et Lakhdaria est en chantier. Ce qui reste de cette section est tributaire de l’achèvement des viaducs (8 dans la wilaya de Boumerdès) et de deux tunnels (4 tubes) du côté de Lakhdaria et de Bouderbala.
M. Kouihel, chef du projet à Boumerdès, nous explique les difficultés rencontrées dans cette région autrefois inaccessible. L’utilisation des explosifs et des techniques nouvelles ont certes été d’un grand apport (en dépit de la complexité des procédures administratives) mais ces deux tunnels sont considérés comme étant les plus difficiles dans le grand chantier de l’autoroute. Le premier tunnel sis à Kherrouba est composé de deux tubes. Il ne reste que quelques metres (moins de 10 m) pour que les deux premiers tubes (700 mètres et 1,5 km) soient totalement achevés. Les deux autres tubes (Bouderbala) seront également fin prêts dans quelques semaines « il nous reste seulement 300 mètres à parachever » nous dit le chef du chantier que nous quittons vers Bordj Bou-Arréridj.
M. Debbah Ahmed, directeur du lot ouest, nous reçoit à l’entrée de la wilaya. C’est a ce niveau que commence le tronçon Est. Long de 399 km, il est revenu au consortium japonais Cojaal. Composé de six entreprises, le groupement japonais Cojaal a décroché la réalisation du tronçon Ouest pour près de 341 milliards de dinars soit près de 6 milliards de dollars. Sur la totalité de ce lot, soit 399Km, près de 80 Km ont été livrés dont 36Km à Bordj Bou-arréridj, 25Km de l’évitement d’El Eulma, et 16 km dans la wilaya de Mila « nous livrerons 17 km d’ici juin prochain et dès lors, la liaison Bordj Bou-Arréridj-Constantine sera ininterrompue » atteste M. Debbah. Le reste du lot Est est en chantier. A des niveaux différents.
Difficile de dire le taux réel d’avancement car il existe plusieurs taux. Certains chantiers ont atteint la phase finale alors que d’autres sont encore en phase de préparation de chantier. Le plus gros des travaux, reste celui de creuser quatre tubes (tunnels) entre Skikda et Constantine et de commencer les terrassements sur une zone totalement gorgée de pluie au niveau de la wilaya d’El taref. Le reste du projet est donc tributaire des conditions climatiques.
Le défi est difficile à relever…mais M. Debbah ne désespère pas « ca va être une belle autoroute, vous verrez bien ! » !

Les nuits de Djebel El Wahch :
Il est près de 20 heures. La nuit s’est bien installée sur Djebel El Wahch. Quelques part entre Skikda et Constantine. Une zone autrefois impénétrable et dénuée de toute habitation. Dans le noir, nous voyons à peine ces routes qui montent. Certains d’entre nous commence à avoir des frissons dans le dos « ne vous inquiétez pas, rien ne peut vous arriver ici » rassure t-on. Sur d’interminables pistes, nous évoluons jusqu'à la lumière qui jaillit de plus en plus fort.
Au fur et à mesure que nous avançons, nous percevons ces carrures humaines qui, elles aussi méfiantes, s’approchent de nos véhicules « vous voici donc arrivés à un de nos plus grands chantiers !» annonce M. Debbah.
C’est réellement un grand chantier ! Grand et complexe. Les ouvriers continuent leur travail sans pour autant se soucier de notre présence. Les deux tunnels ont pris forme. A l’intérieur, c’est une véritable ruche d’abeilles.
Des engins de haute technicité émettent un bruit assourdissant. C’est ainsi que se déroulent les nuits de Djebel El Wahch « nous avons creusé 1 300 mètres et il ne reste que 300 mètres à terminer » nous lance un M. Debbah tout fier de cet exploit « nous avons opté pour une technique jamais introduite dans nos chantier, c’est celle de réaliser des creusements sur deux à trois fronts», précise t-il.
Ainsi, trois équipes s’affairent à creuser un seul tunnel. L’un du côté est, l’autre de l’ouest et un troisième du coté centre ! Il faut le faire.   

El Taref…Les pieds dans l’eau
Le Parc national d’El-Kala est sans conteste la halte la plus attendue du programme de la visite. Avant même son lancement sur le terrain, ce tronçon a fait l’objet d’une énorme compagne médiatique contestant le passage de l’autoroute dans le parc.
Arguant qu’elle bouleversera les atouts naturels du site, des écologistes sont allés jusqu'à qualifier de menaçant l’impact de l’autoroute sur le parc. Quelques mois après le lancement du projet, El Kala est encore plus verte qu’auparavant. Des milliers, voire  des millions, de végétations ont déjà pris place aux abords du tracé « c’est pour nous à la fois une manière de fixer les abords de l’autoroute et un embellissement de l’environnement immédiat » atteste M. Debbah.
D'une superficie de 76 438 ha, ce parc abrite en effet de nombreux lacs et un écosystème unique dans le bassin méditerranéen formé par une véritable mosaïque de milieux. Selon les spécialistes, le Parc représente un réservoir de la biodiversité méditerranéenne avec 1 264 espèces végétales soit 32% de la flore nationale et 878 espèces animales. Pour ce, le ministère des Travaux publics a intégré, dans la conception du projet, des paramètres propres aux réserves naturelles «nous avons crées 17 passages pour sécuriser l’autoroute et protéger les animaux», annonce M. Debbah en nous conviant à visiter un passage supérieur spécialement dédié aux espèces animalières circulant dans la région « ces passages seront décorés de plantations de manière à les intégrer au décore » explique t-on. D’autres passages (22)  inférieurs…pour grenouilles, sont également érigés tout au long de la route ! « Nous avons terminé la réalisation de tous les passages » nous lance M.Debbah. Des poutres sont également implantées ici et là pour la réalisation des viaducs. Des équipes de plus de 20 personnes, chapeautés par deux japonais habillés en tenue blanche, travaillent d’arrache-pied pour finaliser ce qui peut ëtre finalisé «nous avons achevé la totalité des ouvrages d’art, c’est le lot route qui pose problème !».
En effet, El Taref a les pieds dans l’eau. Nous arrivons sur les lieux 24 h après un passage pluvieux qui a totalement bouleversé l’agenda des japonais. El Taref est située dans une zone inondable «Les travaux de terassements sont impossibles dans ces conditions, il faudrait attendre que ca sèche avant de reprendre le chantier depuis le début», annonce-t-on.  C’est loin d’être la dernière surprise de la journée.
Sur notre chemin de retour, nous le véhicule de M. Debbah s’arrete subitement ! Que se passe-t-il ? Cette halte imprévue est en fait la preuve irréfutable de la complexité du chantier. C’est un passage qui a été traité et dont les talus ont été fixés par du béton projeté «nous l’avons réalisé au courant de la semaine», précise M. Kafi, visiblement habitué à ce genre d’incidents. M. Debbah n’en revient pas ! Un glissement de terrain a tout emporté.
Là aussi, il faudrait refaire tout dès le début. C’est ainsi que se passe les journées des responsables de ce projet. Entre la joie de finir une partie du chantier et le stress d’en commencer une autre, ils s’efforcent à trouver les meilleurs solutions « nous avons des partenaires chevronnés et très sérieux», atteste  M. Debbah tout en disant long sur l’assiduité et le génie des japonais.     
Nous quittons M. Debbah pour rentrer à Alger. Ainsi, Alger-Constantine sera probablement  ouverte au courant du mois de juillet (après achèvement des tunnels de Bouzegza et Bouderbala). Alger Tlemcen est livrable d’ici un mois (Mars). Le reste est tributaire de mère nature ! ceci dit, les conditions climatiques seront certainement plus propices d’ici là pour l’avancement des chantiers de l’extrême Est du pays.
D’ici là, félicitons nous d’avoir enfin réussi à réaliser ce rêve…le rêve de parcourir 1 216 km de Tlemcen à El Taref en moins de 10 h !

Reportage et photos réalisés par
Abba Fadila

 
Quelques données sur l’autoroute :

Le lot Est : (BBA-Taref)

• 399 km dont 80 ont été livrés.
• 236 ouvrages d’art dont 10 km de tunnels, 3,73 km de viaducs, 19 échangeurs.
• Les creusements au niveau du Djebel el Wahch sont arrivés à 70% de taux d’avancement.
• « Je n’ai jamais vécu des problèmes pareils en plus de 25ans de carrière ! » M. Debbah à propos des glissements de terrain à Constantine et Skikda.
• 22.000 travailleurs algériens et 5 000 expatriés (indonésiens, japonais, vietnamiens…)
Le lot ouest : (Chlef-Tlemcen)
• 359 km dont 100 km ont été ouverts à la circulation. Le reste a atteint 97% de taux de réalisation.
• 60 Km de liaisons et bretelles ont également été livrés dans la région ouest.
• 15.000 travailleurs dont 9 000 algériens et 6 000 chinois.
• 5 millions de tonnes de goudron et 78millions de m3 de remblais pour la totalité du lot.
Le lot centre : (Chlef-BBA)
• Plus de 300Km
• Reste deux tunnels entre Boumerdès et Bouira pour l’ouverture directe jusqu'à BBA.
• L’ancien programme est en chantier pour une remise à niveau.

Autoroute des hauts plateaux : Parcours fertile

• Elle s’étale entre Tebessa et El Aricha sur 1 330 km.

L’autoroute des hauts plateaux est bel et bien lancée ! Pas encore sur le terrain mais au niveau des services de l’ANA (Agence nationale des autoroutes) qui chapeaute le projet. Après lancement des études préliminaires, confiées à l’entreprise algérienne SAETI, l’on annonce l’engagement des études d’APD et APS (avant-projet sommaire et détaillé). Selon M. Khaldi, haut responsable à l’ANA, ce projet suit son petit bonhomme de chemin et ces études ont été confiées à des bureaux d’études qualifiés et de renommée internationale. Ainsi, et avant même l’achèvement de l’autoroute Est-Ouest qui relie Tlemcen à Taref, le ministère des Travaux publics veut en finir avec les études pour engager le projet sur le terrain. L’expérience cumulée lors du lancement de l’autoroute Est-Ouest a apparemment appris aux services des travaux publics l’action par anticipation. Une fois achevées, les études APS et ADP seront suivies par le lancement d’un avis d’appel d’offres relatif à la réalisation du projet. Parallèlement, il sera procédé à l’engagement des études d’exécution détaillées, précise-t-on.
Ainsi, l’ouverture du chantier de réalisation de l’autoroute des hauts plateaux ne saurait tarder. Au niveau de l’ANA, l’on prévoit son engagement d’ici le début de l’année prochaine. Comme l’autoroute Est-Ouest, ce projet de 1 300 km de routes a été scindé en trois parties. Le lot Centre s’étend sur une longueur de 495 kilomètres entre Batna et Tiaret. Le lot Est relie Tébessa à Batna sur 220 km, alors que la partie Ouest s’étale entre Tiaret et Laâricha sur 305 km. La réalisation de ces lots est cependant moins contraignante que celle de la première autoroute. La nature géographique et géologique de la région écarte la réalisation, tout au long de l’autoroute, de viaducs ou de tunnels. Le coût de ce projet est de ce fait moindre de 20 % de celui de l’autoroute du Nord, précise-t-on. Inscrit dans le  cadre du schéma directeur de l’aménagement du territoire 2005-2025, l’autoroute des hauts plateaux est perçue tel un vecteur de fixation de la population.
Beaucoup d’entreprises se disent intéressées par ce chantier notamment le groupement japonais Cojaal et l’entité chinoise Citic crcc. Abdelmadjid Bennouni, président de l’Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea), réclame, au nom des entreprises algériennes de travaux publics, le droit de mettre la main à la pâte à travers une implication des entités nationales. Il ira jusqu'à demander « la construction de la rocade des hauts plateaux par des entreprises nationales sans faire appel aux entreprises étrangères » ! Selon ses propos, les 30 000 entreprises activant dans le secteur sont bien équipées et capables de réaliser sans contrainte le programme de développement.
On parle de plus en plus de cette ceinture qui va sillonner 12 wilayas et faire sortir un nombre non moins important de villes de l’anonymat.
Les journées portes ouvertes organisées à la fin de la semaine dernière dans la wilaya de Saïda confirment la nouvelle. Une deuxième autoroute Est-Ouest viendra apporter son lot de croissance et d’épanouissement à une région autrefois condamnée à l’isolement. Les services du ministère des Travaux publics parlent déjà d’un total de 150 000 postes d’emploi direct qui seront générés par l’autoroute.
 Le nombre de postes indirects est lui aussi non négligeable vu l’impact économique attendu. Etant conçue en direction parallèle avec l’axe de l’autoroute Est-Ouest, la rocade des hauts plateaux créera une zone économique d’au moins 100 km. Des cités nouvelles et des  microvilles y trouveront le meilleur emplacement. Les carrières et autres entreprises locales trouveront, elles aussi, leur compte comme évolueront les sociétés des travaux publics et du bâtiment. « L’autoroute valorisera, à coup sûr, les richesses locales », prédisent des cadres au ministère des Travaux publics.   
Avec une autoroute de 1 300 km parsemée de zones d’activité et de pas moins de 120 stations et relais, les habitants des hauts plateaux découvriront de nouvelles opportunités de travail et se tourneront vers le développement de leurs villes.
Selon les initiateurs du projet, la nouvelle autoroute traverse des villes pauvres et démunies de toute possibilité d’évolution et procure, dans certaines régions, la seule source de richesses. Une aubaine pour les millions de jeunes qui n’attendent que des opportunités pareilles.
A. Fadila

 


Date de création : 10/10/2009 04:19
Dernière modification : 16/11/2011 13:28
Catégorie : - Autouroutes
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